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La recherche vocale et les enjeux du référencement

Nous vivons dans un monde en constant mouvement où le temps ne cesse de s’accélérer. La rapidité et l’efficacité sont de mise et l’accès à l’information se veut aussi aisée qu’instantanée. C’est dans cette logique que s’est inscrite la recherche vocale. Aujourd’hui elle commence à s’imposer et le nombre d’utilisateurs ne cessent de croître.

Les raisons d’un succès annoncé
Le trafic Internet sur mobile dépasse celui réalisé sur les ordinateurs de bureau. Sans compter que le nombre de détenteurs de Smartphone est toujours à la hausse. Par ailleurs, il faut reconnaître qu’il est plus rapide et plus simple et rapide de poser une question en parlant à son smartphone que de l’écrire, bien que personnellement je fasse encore un « blocage » et que je préfère taper ma recherche.

Il y a quelques années, la recherche vocale ne fonctionnait pas bien, mais les progrès technologiques en matière de reconnaissance vocale (Automatic Speech Recognition en anglais) et la performance du machine learning ont permis d’obtenir des résultats très intéressants. Les outils mis à disposition tels que Google home et son fameux « Ok Google », Amazon Echo, Siri… font entrer le vocal dans les maisons et dans les habitudes de chacun. Une fiction qui devient réalité : les utilisateurs donnent des instructions ou posent des questions sans bouger de leur canapé, ni un orteil, ni même un petit doigt. Ou encore, les bricoleurs ou cuisiniers peuvent accéder à une information sans avoir à toucher l’appareil tandis qu’ils ont des outils en main ou les doigts enduits de cambouis ou de farine. Pour bien comprendre les implications de la recherche vocale, son avenir et ses enjeux en matière de référencement, il faut comprendre cette technologie et la façon dont elle est intégrée et utilisée par les moteurs de recherche.

Comment fonctionne la recherche vocale ?
La recherche vocale est la technologie utilisée pour soumettre une requête sur Internet en la formulant oralement plutôt qu’en l’écrivant dans un formulaire ou sur la barre du moteur de recherche.
Ce procédé s’appuie sur la reconnaissance vocale multi locuteurs qui permet de capter la voix humaine par un microphone, de l’analyser et le transcrire sous forme de texte après avoir cherché une équivalence dans une base de données, et ce quelque que soit le locuteur (contrairement à la reconnaissance vocale utilisée en matière de sécurité qui est mono locuteur pour une identification unique).
Et si les progrès de la technologie sont notoires, c’est que la reconnaissance vocale est une technologie numérique qui ne date pas d’hier. Adoptée en 2008 par Google, les États-Unis s’y intéressaient déjà dans les années 40. L’objectif était alors d’être en mesure de capter ce que les Russes échangeaient oralement pour en faire une interprétation textuelle. C’est une dizaine d’années plus tard, en 1952, que naissait le premier système de reconnaissance vocale à 10 chiffres.
Et voilà qu’aujourd’hui elle trouve sa place sur Internet pour permettre une interaction homme / machine dans des recherches diverses et variées. Pour l’utiliser, rien de plus simple. Il suffit que son appareil (Smartphone, tablette, ordinateur, enceinte intelligente…) soit connecté à Internet, équipé d’un microphone et que la fonctionnalité de reconnaissance vocale soit active. Dès lors, une fois l’application ouverte, l’utilisateur n’a plus qu’à énoncer sa requête. Pour rendre l’interaction possible, il y a un système digital tel que Siri, Cortana, Google Now, Alexa ou même Google Assistant qui se charge de faire le travail.

Fonctionnement de la recherche vocale dans un moteur de recherches
Qu’elle soit textuelle ou vocale, toute recherche est soumise sur la toile à un moteur de recherche.
Traditionnellement, les requêtes sont formulées par des mots clés saisis dans un formulaire. Ces mots clés, une fois analysés et traités par des algorithmes, permettent au moteur de recherche de proposer une liste de résultats, des liens jugés pertinents grâce à l’efficacité de leur référencement naturel. Le SEO doit donc s’adapter aujourd’hui aux implications qu’entraine la recherche vocale.
Et dans ce domaine, le fonctionnement n’est pas exactement le même. Si les algorithmes sont communs, les choses diffèrent de la requête au résultat renvoyé par le moteur de recherche.
Tout d’abord la formulation verbale de l’internaute n’est pas comparable à la même requête formulée par écrit. Textuellement, les mots clés sont généralement une suite de mots accolés, sans liaison ni syntaxe particulière. Verbalement la formulation prend la forme d’une véritable question. Celle-ci est construite dans un style conversationnel avec un sujet, un verbe, un complément. A titre d’exemple, un utilisateur désireux de connaitre le temps qu’il fera dans la journée saisirait les mots « météo du jour » mais prononcera spontanément « quel temps fera-t-il aujourd’hui ? ».
La réponse du moteur de recherche diffère également. Les algorithmes vont décortiquer et analyser la demande, rechercher une équivalence textuelle dans une base de données afin de fournir un résultat et un seul : celui qui sera jugé le plus ciblé, le plus pertinent.
Si les enjeux du référencement naturel étaient d’être parmi les premiers (dans les 10 premiers afin d’être en première page), aujourd’hui c’est la position 1 qui est visée avec la recherche vocale (voir la position 0), c’est-à-dire qu’il faut devenir LA réponse envoyée à l’internaute pour répondre précisément à sa question.
Comment la recherche vocale modifie-t-elle le référencement naturel ?
Négliger la recherche vocale dans sa stratégie SEO à moyen terme serait une erreur. Les référenceurs avertis l’ont bien compris et adaptent leur méthodologie.
Notons que la part des recherches soumises vocalement ne cesse d’augmenter. En 2016, les chiffres avancés par Google indiquaient que 20% des recherches étaient alors faites par la voix aux États-Unis, sur l’app Google ; en considérant que ces statistiques ne portaient que sur cette application, il est aisé d’imaginer la proportion totale.
En France, plus de 50% des jeunes publics (adolescents) utilisent déjà cette fonctionnalité. Les adultes ne sont pas en reste, très généralement pour trouver une adresse, un itinéraire. Une fois testée, la recherche vocale prend rapidement place dans l’usage courant par commodité, par simplicité, par modernité, par amusement… Autant de raisons qui appuient ce nouveau mode de recherche sur Internet, entraînant avec lui de nouvelles méthodologies de référencement.
Si les formulations orales diffèrent, le contenu du site aussi : l’utilisation de la longue traîne prédominera sur les mots clés, la forme interrogative sera incluse et devra être diversifiée, la notion géographique renforcée et on tentera de répondre à l’intention de recherche de l’internaute.

Le contenu : le fond et la forme
Saisir des mots sur un clavier n’est pas comparable à une dictée. En effet, les requêtes formulées oralement sont, comme nous l’avons vu, construites, soumises dans un style plus conversationnel. Elles sont spontanées, naturelles, également plus longues et, de fait, généralement plus précises. Si la moyenne est de trois à quatre mots par écrit, ce nombre est plus important oralement de par l’habitude et l’aisance verbale de l’internaute.
Le style se voudra plus « naturel », plus « conversationnel ». L’utilisateur utilise la forme interrogative. Le moteur de recherche doit alors trouver des équivalences dans le contenu des pages. Les titres se transformeront en formes interrogatives. Par exemple, « quelle est la circonférence de la terre » plutôt que « circonférence de la terre ».
De par la diversité des questions posées et pour un bon ciblage, le choix des locutions est fondamental. Les locutions utilisées où, comment, qui, que, quoi, quand, combien…. sont déterminantes dans les résultats proposés : celui qui veut savoir comment fonctionne un produit n’a pas les mêmes objectifs que celui qui cherche à savoir où acheter ce même produit.
Recherches mobiles, réponses mobiles
Si plus de 50 % des recherches vocales se font depuis des appareils mobiles, il n’est pas envisageable de négliger un site « mobile friendly » ou « responsive ». Les internautes déçus quitteraient immédiatement le site. Sans parler du fait qu’un internaute déçu n’y revient pas…

Un accent sur la localisation
Un tiers des recherches vocales sur mobiles sont localisées, c’est-à-dire que l’utilisateur cherche quelque chose autour de lui : un hôtel, un restaurant, un magasin…
Les notions géographiques ne peuvent pas être négligées pour optimiser sa visibilité et intégrer des paramètres locaux permet de répondre aux attentes des mobinautes.

La réponse divine
A mon sens, un des plus gros problèmes avec la recherche vocale c’est qu’on nous donne un seul résultat. Ce résultat, c’est un peu la réponse divine, c’est ce résultat et pas autre chose. Est-ce que quelqu’un a vérifié cette information ? Car la réponse donnée peut potentiellement être fausse. Bien entendu, lorsque je fais une recherche sur le moteur de recherche, le premier résultat proposé peut aussi être erroné. Par contre j’ai la possibilité de confronter cette réponse avec d’autres, ce qui n’est pas le cas avec la recherche vocale. Ceci risque donc de poser des problèmes dans le futur car on prend de moins en moins de temps pour vérifier les informations qui nous sont données.

Comment Google va gagner de l’argent ?
Ce point pour moi est fondamental. Actuellement Google gagne de l’argent uniquement grâce à la publicité de ses liens sponsorisés (Google AdWords) ; en dehors de ceux-ci, Google n’a pas de revenus. Ils vont certes vendre des appareils Google Home, mais ce n’est pas cela qui leur permettra de faire tourner l’entreprise. Comment vont-ils pouvoir intégrer de la publicité alors qu’un seul résultat est proposé, quand sur le moteur de recherche on a jusqu’à sept publicités sur une page ? A ce stade, il n’y pas de réponse claire. Le modèle économique aura obligatoirement un très fort impact sur les fonctions proposées et la manière de fonctionner dans le futur de la recherche vocale.

En conclusion
La recherche vocale séduit de plus en plus, des plus jeunes aux moins jeunes, par commodité, par rapidité, par confort ou simplement pour se tenir au fait des avancées technologiques.
Il est attendu que les recherches vocales supplantent peu à peu les saisies clavier. Il est donc capital que les sites intègrent dès aujourd’hui ces paramètres pour être performants demain.
Comme nous avons pu le voir, la recherche vocale présente un grand nombre d’avantages. Ses limites se situeraient dans la mauvaise interprétation, la mauvaise locution, la difficulté d’interprétation due à des bruits de fond…
Mais il est certain que les sites ont une carte à jouer pour sortir du lot et gagner en visibilité en pensant et en intégrant dès à présent la recherche vocale dans leur site, car les progrès en matière de reconnaissance vocale vont continuer de renforcer un usage régulier dans le quotidien de chacun.

Patrick Chareyre

https://www.xenoht.net/

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